

Alors que le Cameroun entre doucement dans une phase électorale majeure, une question domine toutes les conversations politiques : Paul Biya, le sage doyen des chefs d’État en exercice, sera-t-il une nouvelle fois candidat à sa propre succession ? À 92 ans en 2025, le président camerounais, au pouvoir depuis 1982, reste au centre du jeu politique.
Le calendrier électoral, tel que défini par le Code Électoral camerounais, structure déjà la dynamique des prochains mois. Le mandat présidentiel actuel arrive à son terme le 5 novembre 2025. Le corps électoral devra être convoqué entre le 8 juin et le 18 juillet, tandis que les candidatures devront être déposées au plus tard le 28 juillet. C’est donc dans cette fenêtre que le pays saura si le sage patriarche, que d’aucuns considèrent comme fatigué politiquement mais toujours stratégiquement actif, sera de la course.
Le scénario d’une nouvelle candidature
Le silence du président n’est pas nouveau. Paul Biya a souvent maintenu le flou sur ses intentions jusqu’au dernier moment, même lorsque sa candidature semblait évidente. Son parti, le RDPC, reste une machine électorale disciplinée, prête à se ranger derrière sa figure tutélaire. Officiellement, rien n’a encore été annoncé. Mais dans les cercles du pouvoir, certains signaux laissent penser que l’hypothèse d’un huitième mandat n’est pas écartée.
Une opposition divisée, un peuple attentiste
Face à l’incertitude autour de la candidature de Biya, l’opposition peine à s’organiser. Fragmentée, parfois embourbée dans des querelles internes, elle semble loin de proposer un front commun capable de bousculer le système en place. De son côté, la société civile observe avec méfiance. La lassitude se mêle à la résignation, mais aussi à l’espoir d’un éventuel sursaut citoyen. La campagne électorale officielle est prévue du 1er septembre au 1er octobre, avec un scrutin entre le 16 septembre et le 16 octobre. Suivront le contentieux post-électoral et la proclamation des résultats attendue entre le 1er et le 31 octobre. La prestation de serment du président élu devra avoir lieu avant le 15 novembre 2025.
2025 : Année de rupture ou de continuité ?
L’ombre de Paul Biya plane donc plus que jamais sur la présidentielle de 2025. À défaut d’avoir annoncé sa candidature, il continue de structurer le jeu politique. Toute stratégie, toute mobilisation, toute spéculation tourne encore autour de lui. Si Biya se présente, l’élection pourrait ressembler à une formalité institutionnelle. S’il ne le fait pas, s’ouvrira alors une période inédite, potentiellement chaotique, où la succession pourrait se jouer en coulisses plus que dans les urnes.
Dans un contexte sous-régional où les transitions se font souvent dans la douleur, le Cameroun est face à un tournant. Et la question reste entière : le pays est-il prêt à tourner la page Biya ?
NGAMA
Correspondant Moscou

