

L’ancien président congolais Joseph Kabila est désormais au cœur d’une procédure judiciaire sans précédent. Le gouvernement congolais, par l’intermédiaire du ministre de la Justice Constant Mutamba, a annoncé le 30 avril 2025 l’ouverture d’une procédure visant à obtenir la levée de son immunité parlementaire. Cette décision marque un tournant dans l’histoire politique du pays.
Sénateur depuis la fin de son mandat en 2019, Joseph Kabila est soupçonné d’avoir apporté un soutien logistique et politique au mouvement rebelle M23, actif dans l’est de la République démocratique du Congo. Les accusations sont lourdes : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le gouvernement affirme disposer d’éléments concrets permettant de relier l’ancien chef d’État aux activités déstabilisatrices du groupe armé, notamment dans le Nord-Kivu, théâtre de violences et de déplacements massifs de populations depuis plusieurs mois.
L’auditeur général des FARDC a formellement saisi le Sénat, seule institution habilitée à lever l’immunité d’un parlementaire. Si cette levée est accordée, Kabila pourrait être entendu par la justice. Dans le cas contraire, les autorités n’excluent pas d’engager un procès par contumace, une mesure exceptionnelle que le ministre Mutamba dit être prêt à assumer, dans un souci de « vérité et de justice ». Cette initiative judiciaire fait suite à une intensification des affrontements dans l’est du pays et à une pression croissante de la société civile, exigeant que les responsabilités politiques soient clairement établies.
À Kinshasa comme à l’international, les réactions se multiplient. Certains saluent une étape décisive dans la lutte contre l’impunité, d’autres dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Quoi qu’il en soit, cette procédure judiciaire pourrait redéfinir les contours du rapport entre le pouvoir et la justice en RDC. Pour la première fois, un ancien président congolais pourrait être jugé pour des crimes d’une telle ampleur par la justice de son propre pays.
L’issue de cette démarche pourrait marquer un précédent historique, et envoyer un message fort : désormais, nul n’est au-dessus de la loi, même au sommet de l’État.
NGAMA
Correspondant, Moscou

