Retrait Mali – Burkina -Niger de la CEDEAO : Cette décision de l’AES peut inquiéter l’Algérie
L’évolution de l’Alliance des États du Sahel (AES), marquée par un passage d’un pacte de défense à une union économique et politique plus poussée entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, révèle une dynamique régionale en pleine mutation. La réunion de Bamako en novembre 2023 a souligné cette ambition, posant les bases d’une intégration renforcée susceptible d’influencer les relations dans la région du Sahel, notamment pour l’Algérie.
L’engagement de ces pays vers la formation d’une fédération, suite à leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), représente un tournant stratégique majeur. Cette décision souligne une volonté de redéfinir les alliances et de s’affranchir des cadres existants pour privilégier une coopération renforcée au sein de l’AES, englobant des aspects de sécurité collective mais aussi économiques et diplomatiques.
Pour l’Algérie, cette évolution est d’autant plus significative que le pays entretient des liens étroits avec les États du Sahel, notamment en matière de sécurité et d’économie. L’émergence de l’AES en tant que bloc uni et indépendant de la CEDEAO pourrait remettre en question l’influence algérienne et ses intérêts économiques, en particulier dans les projets énergétiques tels que le gazoduc transsaharien.
Ce projet de gazoduc, envisagé pour transporter le gaz naturel du Nigeria vers l’Europe via le Niger et l’Algérie, se trouve potentiellement menacé par le retrait des pays clés de la CEDEAO et leur recentrage au sein de l’AES. Les implications géopolitiques de ce retrait pourraient entraver la coopération régionale nécessaire à la réalisation de tels projets d’envergure.
La réorientation des alliances et des priorités économiques des pays membres de l’AES, ainsi que leur recherche d’autonomie par rapport à la CEDEAO, pourraient introduire des obstacles supplémentaires pour l’Algérie dans la poursuite de ses objectifs énergétiques régionaux. La réalisation du gazoduc transsaharien, déjà confrontée à des défis, pourrait se voir encore plus compliquée à l’avenir.
Face à ces changements, l’Algérie pourrait être amenée à reconsidérer ses stratégies dans la région, en tenant compte de la consolidation de l’AES et de ses conséquences sur les projets transsahariens. La capacité de l’Algérie à s’adapter à ce nouveau contexte géopolitique et à maintenir sa position dans la région sera déterminante pour ses intérêts économiques et stratégiques.
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