Russie : Vladimir Poutine dévoile les nouvelles stratégies  politiques extérieures du Kremlin

Russie : Vladimir Poutine dévoile les nouvelles stratégies  politiques extérieures du Kremlin

Poutine

Près d’un an après le début de l’invasion russe en Ukraine, les récits relayés par le Kremlin ont changé d’orientation et Moscou nie à présent toute responsabilité dans le cadre de la guerre et occulte ses échecs militaires. C’est ce qu’a confié un expert en désinformation à EURACTIV lors d’un entretien.

Selon Graham Brookie, directeur du Digital Forensic Research Lab (DFRLab), le programme de désinformation du groupe de réflexion américain Atlantic Council, alors que la guerre se prolonge, Moscou a ajusté sa stratégie de désinformation,

Ainsi, la machine de propagande russe cherche de plus en plus à dissimuler le coût militaire de la guerre et à éviter de devoir rendre des comptes à l’avenir, a expliqué M. Brookie, qui a précédemment travaillé à la Maison-Blanche et au Conseil de sécurité nationale américain.

« Cela ne veut pas dire qu’ils ont perdu le contrôle de l’information sur la guerre », a-t-il ajouté, « mais une grande partie de l’impératif stratégique de leurs opérations d’information à ce stade, en parallèle à leur stratégie militaire, est de masquer à quel point ils ne gagnent pas [sur le terrain] ».

Cette évolution s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large visant à saper les efforts d’information et le moral des forces militaires ukrainiennes ainsi que de ses alliés et partenaires. Il s’agit là de l’orientation prédominante du récit du Kremlin depuis le début de la guerre, qui s’est développée à partir de sa stratégie précédente qui consistait à se justifier tout en niant préparer une invasion de l’Ukraine.

DFRLab, qui étudie la propagande du Kremlin depuis l’annexion de la Crimée en 2014, a publié mercredi (22 février) deux rapports cartographiant le développement de la stratégie de désinformation du Kremlin.

Le premier rapport, divisé en deux sections examinant l’entre-deux-guerres de 2014 à 2021 et les 70 jours précédant l’invasion de février 2022, décompose la stratégie du Kremlin en trois volets distincts : justifier, masquer et nier.

Grâce à une instrumentalisation complexe des messages, le gouvernement et les médias financés par l’État russe, qui diffusent des contenus en Russie et dans le monde entier, « ont utilisé un récit faux et trompeur pour justifier une action militaire contre l’Ukraine, masquer la planification opérationnelle du Kremlin et nier toute responsabilité dans la guerre à venir ».

« Ces mensonges, tromperies et exagérations n’étaient pas destinés à soutenir le casus belli du Kremlin », souligne le DFRLab, « ils étaient le casus belli ».

Dans le second rapport, les chercheurs ont examiné la forme des opérations d’information russes depuis le début de la guerre, et ont constaté que discréditer l’Ukraine dans l’espoir de la forcer à se rendre ou à négocier aux conditions de la Russie est devenu un objectif essentiel.

Cette stratégie viserait selon le DFRLab à saper le moral des forces et des citoyens ukrainiens, le soutien des alliés et partenaires du pays ainsi que l’opinion publique dans le sud de la planète. En effet, la propagande russe a été particulièrement efficace en Afrique et en Amérique latine, notamment à cause du manque d’investissement de la part de l’Occident.

Par ailleurs, la machine de désinformation du Kremlin s’est repliée sur elle-même et est devenue un élément moteur du renforcement du contrôle autoritaire et de la suppression des médias indépendants en Russie.

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