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L’Organisation de coopération de Shanghaï, outil de la lutte russo-chinoise contre « l’impérialisme » américain

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L’Organisation de coopération de Shanghaï, outil de la lutte russo-chinoise contre « l’impérialisme » américain

Vladimir Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés jeudi 15 septembre à l’occasion d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï. Cette instance, à l’origine destinée à stabiliser l’Asie centrale, sert également de contrepoids à l’influence américaine à l’international.

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« Les tentatives de créer un monde unipolaire ont récemment pris une forme absolument laide et sont totalement inacceptables », a déclaré jeudi 15 septembre le président russe, Vladimir Poutine, à son homologue chinois, Xi Jinping, en marge d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OSC). C’est en raison de ce genre de déclarations que l’OCS est souvent désignée comme un contrepoids international aux États-Unis. Toutefois, elle trouve aussi sa raison d’être dans des problématiques purement régionales.

L’OSC est une organisation intergouvernementale constituée par neuf pays : la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Pakistan, la Russie et le Tadjikistan. Elle affiche pour ambition d’assurer la sécurité mutuelle de ses États-membres ainsi que de permettre leur développement économique et une coopération politique et militaire.

Héritière du groupe de Shanghaï
Le Conseil des chefs d’État, actuellement réuni en Ouzbékistan, constitue l’organe suprême de l’organisation. Il est convoqué une fois par an. Le secrétariat de l’OCS, installé à Pékin, fonctionne en revanche de façon permanente. L’OCS organise des exercices contre-terroristes, permet des coopérations économiques entre ses membres, lutte contre le trafic de drogue et prévoit de grands projets d’infrastructure.

Cette entité est héritière du groupe de Shanghaï, fondé en 1996. À l’époque, ce forum rassemble seulement le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, la Russie et la Chine. Il constitue l’aboutissement de la volonté russo-chinoise de stabiliser l’Asie centrale, « considérée comme un enjeu de sécurité commun et prioritaire », écrivait Isabelle Facon, maîtresse de conférences à l’École polytechnique et spécialiste des politiques de défense russes, dans Le Courrier des pays de l’Est en 2006.

La chute de l’URSS comme matrice
La région a en effet été bousculée par l’événement majeur de la fin du XXe siècle, la chute de l’URSS. Une guerre civile déchire le Tadjikistan jusqu’en juin 1997, tandis que les talibans s’emparent du pouvoir à Kaboul en 1996. Pour Pékin et Moscou, il est évident que les pays d’Asie centrale sont trop faibles pour faire face à la montée des extrémismes sur leurs territoires.

Ces préoccupations régionales font dire à Isabelle Facon qu’il n’est pas possible d’« accepter la thèse selon laquelle cette organisation constituerait exclusivement pour la Russie et la Chine un outil au service de leur opposition commune à l’hégémonisme de la superpuissance américaine ».

Cela n’empêche toutefois pas l’OCS de servir de relais pour des ambitions plus globales. « Au cours de ces dernières années, l’OCS a été utilisée, de manière croissante, tant par Moscou que par Pékin, comme un vecteur pour limiter “l’expansionnisme politique”américain, sur la scène internationale comme régionale », souligne ainsi la chercheuse.

Le mégaphone de Moscou
L’organisation sert notamment de mégaphone à Moscou, dont l’influence a été mise à mal par la chute de l’Union soviétique. Plusieurs déclarations de l’OCS se font ainsi l’écho des préoccupations du Kremlin, notamment celles qui dénoncent les interventions faites au nom des droits humains comme des ingérences dans les affaires intérieures des États. Une manière de critiquer les opérations militaires occidentales dans les Balkans.
Si l’alliance sino-russe trouve une expression concrète à travers l’OCS, dont Pékin et Moscou constituent le moteur, les relations entre les deux autocraties ne sont pas simples. Comme le note Isabelle Facon, « du strict point de vue de la Russie, l’OCS cristallise aussi (…) des difficultés liées aux complexités de son partenariat stratégique avec la République populaire de Chine, qu’elle ressent, à juste titre, déséquilibré à son désavantage ».

Léo Durin

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