

« Le Cameroun est un et indivisible ». Cette déclaration du président camerounais Paul Biya, prononcée lors de son traditionnel discours à la nation le 31 décembre 2016, continue de résonner dans les cœurs et les esprits. Plus qu’une formule, elle incarne la volonté affichée du chef de l’État de défendre coûte que coûte l’intégrité et la cohésion sociale du pays. Pour lui, l’unité nationale représente un héritage précieux, transmis par les héros de la nation, qu’il s’emploie à préserver avec fermeté.
Malgré les nombreuses initiatives engagées depuis plusieurs années, l’unité nationale reste encore un chantier inachevé. En mai 2013, le président Paul Biya, par le biais du ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, lançait le Plan national d’éducation et de formation à la culture citoyenne. Objectif : sensibiliser la population aux dangers du tribalisme et promouvoir le vivre-ensemble.
Dans cette même logique, la mise en place de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme visait à consolider la paix et la cohésion, en valorisant les langues et cultures locales et en prônant le respect des différences au sein d’un Cameroun ethniquement divers. Par ailleurs, des mesures légales ont été adoptées pour réprimer les discours de haine. La loi n°2019/020 du 24 décembre 2019 prévoit, à cet effet, des peines d’emprisonnement allant de un à deux ans et des amendes de 300 000 à trois millions de FCFA pour tout propos incitant à la haine ou à la violence tribale.

Pourtant, malgré ces efforts, des dérives persistent et fragilisent davantage le tissu social. Les réseaux sociaux, parfois même certains médias, sont devenus le théâtre d’un discours de haine de plus en plus décomplexé. Utilisés à des fins politiques, les clivages ethniques restent profondément ancrés, nourrissant tensions, conflits verbaux et divisions qui menacent dangereusement la stabilité de l’État. La crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest vient, elle aussi, creuser davantage le fossé.
Autant de signes qui laissent entrevoir une unité nationale vacillante, que d’aucuns estiment en lente dégradation. Pourtant, au cœur de cette complexité, des signaux d’espoir subsistent. Les mariages interethniques, l’appropriation de langues et de cultures d’autres communautés, ou encore l’attachement à des mets traditionnels d’origines diverses, sont autant de preuves tangibles que les Camerounais peuvent, et savent, transcender les barrières tribales.
La consolidation de l’unité nationale reste donc possible. Mais elle exige un sursaut patriotique fort, particulièrement dans le contexte préélectoral actuel. Le président de la République du Cameroun, dans son dernier discours de fin d’année, a d’ailleurs lancé un appel à la paix et à la sérénité avant, pendant et après l’élection présidentielle d’octobre prochain.
C’est dans cette perspective que la 53e édition de la fête de l’unité a été placée sous le thème : « Armée et Nation unies pour un Cameroun tourné vers la paix et la prospérité ». Une thématique qui, plus que jamais, résonne comme une exhortation collective à préserver ce bien commun qu’est l’unité nationale.
Pytagore LAKOUDJI, Correspondant Douala-Cameroun

