Désabusée par la politique américaine au Proche-Orient, la diaspora arabe pourrait lâcher Les Démocrates
Le Michigan fait partie des Etats dits “pivots” pour la présidentielle. Au cours des 60 dernières années, il a soutenu six fois le candidat républicain et neuf fois le candidat démocrate. En 2020, Joe Biden l’avait emporté de 155’000 voix seulement face à Donald Trump. Mais depuis la guerre à Gaza, la donne a changé. Le soutien des démocrates à Israël suscite colère et incompréhension.
Al Ameer, al Shibani, Shatila… Les devantures des restaurants donnent à Dearborn un air d’Orient. Avec 110’000 habitants d’origine moyen-orientale ou d’Afrique du Nord, cette banlieue de Detroit est la première ville à majorité arabe des Etats-Unis. Dans la rue, malgré le calme apparent, la colère gronde.
Des voix peut-être décisives
“En tant que Palestinien, c’est très blessant de voir que, juste parce que quelqu’un vient d’un pays différent, il n’est pas considéré comme un être humain”, a témoigné mercredi au micro de La Matinale de la RTS un habitant dont les deux parents sont palestiniens.
“Nous envoyons des milliards de dollars de l’argent des taxes américaines pour bombarder des enfants. Pourquoi ne pouvons-nous pas dépenser cet argent ici en Amérique”?
D’autres, trop déçus par Joe Biden, n’attendent en revanche plus rien des démocrates, à l’instar du gérant d’un café yéménite à Dearborn. “C’est une grande erreur d’avoir voté pour Biden, et Kamala fait la même chose! Elle vient tendre la main aux leaders de la communauté en leur disant: ‘Nous allons vous donner un siège à la table des discussions’. Il semble qu’ils aient réservé la table, mais ils ne sont jamais venus”, image-t-il, avant d’insister: “Je ne fais pas confiance aux démocrates, point!”
L’économie, nerf de la guerre
Sa défiance est telle qu’il regrette de ne pas avoir voté pour Donald Trump il y a 4 ans. “Trump est quelqu’un qui n’aime pas la guerre. Nous l’avons testé comme président pendant 4 ans et nous n’avons pas eu de guerre. Je pense qu’il est fait pour être président. Il aime voir ce pays prospérer, il aime voir l’économie bien se porter et c’est ce que nous voulons”, argue-t-il.
L’économie est le souci numéro un de ce petit commerçant, et la guerre au Proche-Orient n’est pas bonne pour ses affaires. “Nous sommes un magasin de café yéménite, spécialisé dans l’importation de café biologique. Tout ce qu’il se passe dans la mer Rouge entrave notre activité et augmente le prix des expéditions… Ça cause beaucoup de problèmes aux propriétaires d’entreprises dans tout le pays et dans le monde entier, j’en suis sûr”.
Rien n’est joué dans le Michigan. Abstention, Trump ou Harris: de nombreuses personnes ont confié à la RTS, hors micro, ne pas encore savoir pour qui ils allaient voter.