L’Italie peut-elle réellement tourner la page de son passé fasciste?
Il y a une semaine, des centaines de néofascistes commémoraient la mort de trois militants d’extrême droite, dont deux tués par des activistes d’extrême gauche, le 7 janvier 1978, lors des « années de plomb ».
Cet hommage devant l’ancien siège romain du Mouvement social italien (MSI) ravive la polémique sur les nostalgiques du fascisme. D’autant que depuis quinze mois l’Italie est gouvernée par Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia, un héritier lointain du MSI. Une vidéo montrant une marée humaine noire exécutant le salut fasciste et scandant le slogan « Présents ! » a fait le tour du monde. Mais, depuis, est-ce que la cheffe du gouvernement a condamné cet événement ?
Identification
L’unité anti-terroriste de la police a déjà identifié une centaine de participants à cette commémoration dont des membres de CasaPound, un mouvement néofasciste, des affiliés au groupuscule Veneto Fronte Skinhead et à Forza Nuova, un autre mouvement néofasciste. Mais aussi des néonazis allemands et russes. Parmi les personnes identifiées, une dizaine ont été mises en examen pour « apologie du fascisme ».
Condamnations rares
Concernant les peines prévues pour ce type de délit, deux lois datant de 1952 et de 1993 permettent de sanctionner la propagande du fascisme par des séjours en prison allant de six mois à douze ans. Mais les condamnations sont rares. Selon des arrêts de la Cour constitutionnelle, l’« apologie du fascisme » est considérée comme un délit si elle s’insère dans le cadre d’une tentative de reconstruction d’un parti fasciste.
Et, selon des décisions de la Cour de cassation, elle constitue un délit dès lors que la liberté d’expression se transforme en incitation à la violence ou à la discrimination raciale. Cela montre combien tourner définitivement la page du fascisme s’avère complexe en Italie