Nathalie Yamb : « Les BRICS sont la meilleure option pour un monde multipolaire »
Sous le feu des projecteurs ces derniers mois, les BRICS suscitent la curiosité des pays africains. Certains d’entre eux montrent un intérêt réel pour le groupe des cinq (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) à commencer par l’Algérie, qui a même décidé de poser sa candidature pour intégrer l’institution.
La militante panafricaniste Nathalie Yamb voit d’un bon œil ces rapprochements, qui pourraient faire émerger un monde multipolaire. À condition que chacun s’investisse pleinement dans cette collaboration, déclare-t-elle à Sputnik.
« Vaste question des BRICS et de la Russie. J’attends une collaboration sincère, pas seulement opportuniste. Sincère. Si on affirme qu’on est amis, alors il faut se donner les moyens de s’aider les uns les autres […] Les BRICS, c’est l’avenir. C’est la meilleure option d’un monde multipolaire que nous ayons aujourd’hui », explique ainsi la militante.
Au-delà des BRICS, l’Afrique doit surtout affirmer sa souveraineté et assumer librement le choix de ses partenaires. Toutes les options sont ouvertes, mais la Chine et la Russie présentent l’avantage de n’avoir “jamais tenté d’instrumentaliser leur influence pour procéder à des changements de régime” en Afrique, contrairement à certaines puissances coloniales.
“Nous ne voulons plus suivre qui que ce soit, nous ne voulons plus appartenir à personne, nous voulons être de ceux qui décident et montrent la voie pour le continent. Le Président Poutine nous a fait des offres, il y en a d’autres. La Chine fait des offres, l’Inde fait des offres, l’Allemagne fait des offres, tout le monde fait des offres. Mais pour savoir laquelle est la plus pertinente, il faut déjà savoir ce dont nous avons besoin”, souligne encore Nathalie Yamb.
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Les médias du colon
Tout juste revenue de la conférence parlementaire Russie-Afrique, Nathalie Yamb s’amuse également des critiques qui la voient “à la solde de Moscou”, au même titre que d’autres influenceurs panafricains comme Kemi Séba. Elle rétorque être “prête à parler de l’Afrique partout”, mais encore faut-il que des micros lui soient tendus.
L’activiste pose en filigrane la question des médias sur lesquels les militants, voire les dirigeants africains, prennent la parole. Elle déplore ainsi les injonctions à aller s’exprimer sur les médias publics français pour être pris au sérieux, alors que ces plateformes restent sous la coupe du ministère tricolore des Affaires étrangères.
« Beaucoup de nos décideurs endoctrinés pensent que, pour parler de leur pays, il faut aller dans le média du colon. Or, des organes comme RFI, France 24 font partie de l’organigramme du Quai d’Orsay […] Pensez-vous que ceux-ci vont dire la vérité alors qu’ils cherchent à vous dominer, à vous garder sous leur coupe? », déclare-t-elle ainsi.
Des médias français qui semblent d’ailleurs avoir mauvaise presse ces derniers temps dans certaines régions d’Afrique. RFI a ainsi été suspendue au Burkina Fasso début décembre. La radio française a également été tancée par le Président béninois, Patrice Talon, mi-mars, quand il l’a accusé de “se réjouir des déconvenues réelles ou imaginaires” du pays.
Même refrain avec France 24, dont la couverture de certains rapts de femmes au Burkina Faso a récemment fait jaser. Les deux médias français avaient également été définitivement coupés au Mali en avril dernier.
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