Turquie : Recep Tayyip Erdogan face au défi du redressement économique
Le ministre turc des Finances, Mehmet Simsek, chargé par le président Erdogan de sortir la Turquie de sa crise inflationniste, est aux États-Unis ces jours-ci pour des réunions de haut niveau avec des investisseurs et les institutions financières internationales. Objectif : faire revenir les investissements étrangers qui ont fui le pays, condition indispensable au redressement économique. La hausse des prix, qui a atteint des niveaux records, est considérée comme la principale raison de l’échec du président turc aux élections municipales du 31 mars.
Après sa défaite aux municipales, Recep Tayyip Erdogan n’a plus le choix. S’il veut redresser la barre politiquement, le président turc va devoir redresser l’économie et réduire l’inflation, qui dépassait encore en mars les 68% sur un an. Symbole de la période d’austérité dans laquelle entre la Turquie : le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelle hausse du salaire minimum cette année.
Le président Erdogan peut-il rétablir la prospérité qui avait fait ses succès électoraux dans les années 2000 ? Même en appliquant les politiques adéquates, l’économiste Ahmet Insel en doute : « À la différence des années 2000, aujourd’hui, la croissance économique en Turquie est aussi grippée par la conjoncture internationale lors que, dans les années 2000, l’AKP a bénéficié d’une conjoncture internationale très très favorable : abondance de liquidités, croissance partout, faible inflation partout, etc. Aujourd’hui, il n’a pas le même contexte international pour en profiter, donc c’est plus difficile. »
Le spécialiste cite aussi l’image très dégradée de la Turquie et de sa gouvernance comme un frein au redressement, notamment au retour des investisseurs étrangers. Enfin, la défaite électorale pourrait aussi être un obstacle : privé des ressources municipales pour alimenter ses réseaux clientélistes, le pouvoir pourrait puiser dans les moyens de l’État pour compenser le manque.