Russie-Tchad : N’Djamena salue la politique indépendante de Poutine
Même si le Tchad a voté pour la résolution antirusse du Conseil de sécurité de l’Onu sur l’Ukraine, N’Djamena considère la Russie comme un pays ami et salue sa politique indépendante. Il est obligé de manœuvrer vu sa position vulnérable, a expliqué l’ambassadeur russe au Tchad.
L’Occident exerce une pression sur le Tchad en raison de sa politique amicale envers la Russie. N’Djamena est donc obligé de choisir des tactiques diplomatiques pour conserver les liens de partenariat avec Moscou, a déclaré à Sputnik l’ambassadeur de Russie au Tchad Vladimir Sokolenko.
Les relations russo-tchadiennes sont décrites dans les documents comme traditionnellement amicales depuis l’établissement des relatons diplomatiques en 1964. À l’heure actuelle, lorsque la Russie est contrée par l’Occident dans tous les domaines, la diplomatie de l’Ouest connaît une crise. Pour en sortir, elle utilise infailliblement “cynisme criant, pression, spéculations et provocations”, selon le diplomate. Le Tchad est aussi concerné.
Des manœuvres
Les eurodiplomates ont proclamé l’Afrique zone d’intérêt particulier de l’UE. “Dans un monde libre construit selon les règles américaines”, “l’intervention dans les affaires d’États souverains est effectuée ouvertement.”
Le Tchad applique une politique extérieure multivectorielle, souligne le diplomate. Il a ainsi voté pour la résolution antirusse du Conseil de sécurité de l’Onu sur l’Ukraine. Cependant, N’Djamena considère la Russie comme pays ami et salue sa politique indépendante tout en appréciant les efforts de Moscou en vue de faire peser l’Afrique au sein de l’Onu.
Le pays “préconise un monde multipolaire sans violence ni diktat”. Il vote traditionnellement pour les projets de résolution russes sur le désarmement, l’espace, la lutte contre la glorification du nazisme. Or, vu sa position économique et financière vulnérable, sa dépendance de l’aide occidentale, il est obligé de manœuvrer, explique l’ambassadeur.
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Coopération bilatérale
Selon M. Sokolenko, la part de matériel militaire soviétique et russe dans l’armée tchadienne se monte à près de 80%. Il doit encore être réparé et maintenu, ce qui donne des perspectives de coopération en la matière.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont cependant diminué en 2021 de 2,4 à 2,2 millions de dollars. Or, ils déclarent leur intérêt à promouvoir les liens bilatéraux, assure l’ambassadeur. La croissance du commerce a été retenue par la pandémie de Covid-19 et des troubles politiques au Tchad.
Moscou et N’Djamena songent à créer une commission intergouvernementale sur la coopération économique pour dynamiser le commerce. Les compagnies russes pourraient participer à l’extraction de ressources minières comme l’or, les diamants, l’uranium, les métaux rares, le pétrole etc. De plus, sont demandés les produits russes de pharmacie, les vaccins antiviraux, le matériel médical.
La Russie forme également des spécialistes, ajoute l’expert. Plusieurs centaines de Tchadiens font leurs études dans des établissements en Russie. Un tiers des forces de l’ordre tchadiennes étant des femmes, la Russie a proposé un cours de formation spécial pour femmes soldats de la paix.
Crise alimentaire
L’Afrique de l’ouest traverse une sévère crise alimentaire. La Russie est prête à aider et a soutenu l’initiative céréalière du secrétaire général de l’Onu. Depuis mars 2022, elle a ouvert des couloirs sécurisés pour le blé dans la mer Noire. Malgré ces efforts et l’accord céréalier conclu par la Russie à Istanbul, “presque la moitié” de l’aide va à l’Union européenne, et les pays pauvres en reçoivent moins de 10%, regrette l’ambassadeur.
Entre-temps, 12,9% des enfants tchadiens de moins de cinq ans souffrent de malnutrition, dont 2,9% de famine.
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