Plafonnement du prix du brut russe : quel impact sur les consommateurs européens?
À court terme, le plafonnement du prix du pétrole russe n’aura peut-être pas un impact majeur sur les consommateurs. Toutefois, “les citoyens de l’UE/G7 devraient s’attendre à des prix plus élevés à la pompe”, préviennent des analystes interrogés par Sputnik.
Depuis le 5 décembre, les pays du G7, de l’UE et l’Australie plafonnent le prix du brut russe. Toujours lundi, l’embargo de l’UE sur les livraisons de brut russe via les pétroliers est également entré en vigueur. Des mesures qui auront des répercussions sur la vie des Européens lambda.
“À court terme, je ne pense pas qu’il y aura un fort impact sur les consommateurs”, a déclaré à Sputnik Marc Ostwald, économiste en chef chez ADM Investor Services International.
Mais les effets en termes de prix de l’énergie se feront sentir l’année prochaine en complétant l’impact de “l’inflation qui ne baisse pas aussi rapidement que les banques centrales”.
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Les Européens ont déjà constaté une flambée des prix de l’essence avant même l’entrée en vigueur de l’embargo et du plafonnement à 60 dollars. En Pologne, ils sont passés de 1,19 euro par litre en 2021 à 1,39 en 2022. En Allemagne, un litre d’essence coûte 1,7 euro contre 1,47 précédemment et en Grèce 2,01 après avoir coûté 1,57.
Le “double coup” de Bruxelles sur le brut russe est sur le point de se retourner contre lui. Les analystes internationaux prédisent ainsi une flambée des prix du pétrole dans un avenir proche.
Surprises désagréables
“Les conséquences involontaires ou inattendues seraient une hausse, mais c’est une histoire plus complexe parce que le marché pétrolier en ce moment est aussi une histoire non seulement sur l’embargo pétrolier, qui a été imposé, mais aussi sur les attentes des gens pour l’économie mondiale”, prévient Marc Ostwald.
Une combinaison de facteurs pourrait apporter des surprises désagréables l’année prochaine: la reprise du Covid en Chine devrait stimuler la demande de carburant; L’OPEP+ ne semble pas disposée à augmenter la production; les sanctions occidentales pourraient dans une certaine mesure perturber le flux quotidien de brut russe; et enfin la Russie pourrait réduire sa production si des pays tiers se joignaient à l’initiative de plafonnement des prix du G7.
“Le monde ne peut pas faire sans la Russie”
Thierry Bros, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris et contributeur à Natural Gas World, a signalé à Sputnik que l’embargo du G7 et de l’UE sur le pétrole russe était sans précédent. Selon lui, “le monde ne peut pas faire sans la Russie”, qui est le troisième plus grand producteur mondial et le premier plus grand exportateur en termes de tous les produits pétroliers.
“Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre les 2,5 millions de barils par jour de pétrole et de produits pétroliers russes (50/50) qui sont exportés vers l’UE.”
Pour compliquer encore les choses, une interdiction de l’UE sur les importations de produits pétroliers russes, y compris l’essence, le diesel et le carburéacteur, entrera en vigueur en février 2023. Cette interdiction est susceptible d’aggraver davantage les problèmes de l’Europe. Même si sa dépendance vis-à-vis de ces produits russes a diminué de 50% depuis le début de l’opération spéciale en Ukraine, la Russie reste son plus grand fournisseur de diesel.
Ceux qui appliqueront la mesure du G7 risquent de se retrouver dans le même bateau que les Européens. Moscou a clairement indiqué qu’il ne vendrait pas ses hydrocarbures à ceux qui jouent au jeu du plafonnement des prix.
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