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La menace de la mobilisation forcée pèse de plus en plus sur les hommes ukrainiens

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La menace de la mobilisation forcée pèse de plus en plus sur les hommes ukrainiens

L’Ukraine n’a plus le choix: si elle entend poursuivre la guerre, elle doit mobiliser massivement pour endiguer les avancées de l’armée russe. Kiev vient d’annoncer son intention de recruter 160’000 nouveaux soldats et la menace du recrutement forcé pèse de plus en plus sur les hommes.

Ces trois prochains mois en Ukraine, 160’000 hommes vont recevoir un coup de téléphone de l’armée ou se feront recruter en pleine rue. “Il y a des scènes qui font de plus en plus partie de la vie quotidienne: vous devez prendre le bus, mais le bus n’arrive jamais, parce que les conducteurs viennent de se faire recruter”, raconte Maurine Mercier, correspondante de la RTS en Ukraine, jeudi dans l’émission Tout un monde.

“Dans mon quartier, en plein centre de Kiev, je vois le nombre d’hommes diminuer. Et lorsque je vais dans les villages, c’est pire. Les recrutements, à l’abri des regards, y sont plus conséquents encore”, poursuit-elle.

Un besoin urgent d’hommes sur le front

Les formations militaires promises sont souvent sommaires, tant Kiev a un besoin urgent d’hommes sur le front. “On ne parle pas de réservistes déjà entraînés ou en train de se former pour faire face à une armée russe de plus en plus performante. Ce sont des civils qui exercent des professions diverses, loin des champs de bataille. Souvent des pères de famille également”, précise Maurine Mercier.

La nouvelle mobilisation, massive, paraît inéluctable alors que des milliers de soldats nord-coréens viennent vraisemblablement renforcer l’armée russe et auraient déjà été repérés près de la frontière ukrainienne. “Elle est extrêmement impopulaire en Ukraine, mais personne ne se voile la face: la Russie est déterminée à s’emparer du pays”, poursuit la correspondante de la RTS.

“À défaut d’avoir pu l’envahir, elle l’épuise donc en attirant des milliers d’Ukrainiens sur le front et massacre chaque jour des centaines de soldats. Ou plutôt des civils à peine devenus soldats”, relève Maurine Mercier. Il est difficile d’en prendre la mesure, car Kiev ne donne pas le nombre de morts dans ses rangs. Mais la population elle-même l’admet: “S’ils nous donnent le nombre exact, on n’osera définitivement plus devenir soldat et on fuira face à un tel carnage!”

La mobilisation risque de passer par la répression

Depuis le début de la guerre, un peu plus d’un million d’Ukrainiens ont été enrôlés. Avec 160’000 hommes, Kiev cherche donc à recruter, ces trois prochains mois, l’équivalent de plus de 15% des effectifs qui l’ont été en un peu plus de deux ans et demi. Selon le secrétaire du Conseil de la sécurité et de la défense nationale ukrainien, cette mobilisation permettra de regarnir les rangs de l’armée à hauteur de 85%.

Mais alors que le conflit se prolonge, la mobilisation est évidemment de plus en plus difficile. “Les autorités vont devoir nous traquer”, résume un jeune. Les images du début de la guerre, celles de milliers d’hommes qui se portent volontaires, sont définitivement caduques. Pour une raison évidente: les Ukrainiens savent désormais la violence des combats.

“Lorsque nous sommes recrutés, nous savons combien le risque de mourir ou d’être mutilé est important”, témoignent ces hommes. “Qui a envie de mourir sur une ligne de front”, résume un autre jeune. S’il est appelé, il rejoindra l’armée mais “la boule au ventre”.

Ainsi, pour réunir 160’000 hommes, la mobilisation risque fort de passer par la répression. Cette épée de Damoclès pèse toujours plus sur les Ukrainiens, qui ont l’interdiction de quitter le pays. La quasi-totalité d’entre eux en sont désormais persuadés: “On finira tous, tôt ou tard, par devoir se battre.”

RTS

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